Promenade sur la place et bruits de couloir

Laurelin se promenait sur la grande place de la ville d'Elen et écoutait les bribes de conversations avoisinantes, quand elle surprit celle d'un jeune couple au sujet d'une tentative d'assassinat au palais.

* Eh bien si ils sont même pas foutus de protéger un chateau digne d'une forteresse, alors où va-t'on ? *

Elle laissa cette question en suspens, se posta non loin des deux jeunes gens, toujours tellement absorbés par leur conversation qu'ils ne la remarquèrent même pas.
Au bout d'un quart d'heure Laurelin en avait assez entendu sur le sujet. Elle continua de marcher le long de la place et médita sur ce qu'elle venait d'entendre. D'après certains bruits de couloir, c'était la reine elle-même qui avait été la victime de la tentative de meurtre.

Laurelin se dit :

* A croire que même la personne la plus protegée d'Elen dans l'endroit le plus protégé d'Elen était en danger *

Cette réflexion quelque peu tortueuse la fit sourire.
Elle continua de se promener le long de la place, et le bruit que la reine avait été victime d'une tentative de meurtre ne faisait que s'emplifier.
Une fuite avait dû provenir du palais entraînant peu à peu la panique dans les rues d'Elen.

Elle avait peur. Vraiment peur. C'était l'état d'esprit d'Inertie alors qu'elle marchait sur la place de son air absent. Elle craignait les gens, la foule, les murmures dans son dos à la vue de ses oreilles et de sa queue, les réflexions blessantes. Seul Insanity lui apportait un peu de réconfort, au milieu de toutes ces personnes sûres de leur pouvoir sur une pauvre Créature comme elle, et elle avançait tête basse.
Elle entendait elle aussi les rumeurs sur la tentative d'assassinat de la Reine, et ça la faisait encore plus frémir. Si même elle était en danger, comment le peuple pourrait-il se défendre contre Chrysta ? Comment elle pourrait se défendre contre Chrysta ? Grognant sourdement comme un chat en colère et serrant son Kaiken, Inertie se fraya un passage au milieu des badauds, tout en faisant attention à ne bousculer personne.

Son chien sur les talons, elle croyait enfin avoir traversé le mur humain... Lorsqu'elle se heurta violement contre Laurelin. Manquant de peu de tomber lourdement au sol, elle eu un air terrifié qui résumait très bien la situation. Elle vennait de heurter quelqu'un... Et si jamais la femme en face d'elle décidait de la punir, que pourrait elle faire ?
Le grognement au fond de gorge s'était mué en gémissement désolé. Oui, elle savait parler, mais... Elle ne voulait pas. Elle ne voulait plus parler. Aussi Laurelin dut se contenter de ce gémissement venu du fond de la gorge de la Créature face à elle.

Inertie, elle, serrait avec force une touffe de poils d'Insanity, l'air comlètement traumatisée.

Laurelin faillit tomber de tout son long par terre mais se ratrappa de justesse. Elle regarda la jeune femme et lui dit :
- Oh excusez-moi, je ne vous avez pas vu !
Vu que Laurelin avançait tête pensante elle ne savait pas qui était rentré dans qui, et préféra s'excuser au cas où.

La jeune femme recula de quelques pas. Laurelin stupéfaite lui demanda si elle s'était fait mal. La jeune femme ne répondit pas. Laurelin se mit à l'observer. Elle paraîssait en assez bonne santé.
Elle ne se rendit pas immédiatement compte que la jeune femme n'était pas humaine, elle-même ne l'étant pas ce n'était pas la première chose à laquelle elle faisait attention lorsqu'elle rencontrait quelqu'un. Elle possèdait de magnifiques petites oreilles de chat mignonnes comme tout et une longue queue que l'on voyait se balancer à chaques pas qu'elle éfféctuait.
La jeune femme avait l'air complètement déboussolée, peut-être était-elle perdue ?
Laurelin lui redemanda alors si elle se sentait bien en attendant un quelconque signe ou une quelconque réponse de sa part.

Quand Laurelin lui demanda si ça allait, Inertie eu un instant de flottement, comme si elle se demandait à quoi bon. Après tout, elle était bien loin d'égaler la notoriété et le pouvoir des elfes, alors pourquoi se soucier d'elle ? Cependant, elle hocha la tête pour approuver, par pure politesse...
Ses pensées défilaient à toute allure dans son esprit, lui permettant d'analyser la situation. Une elfe, gracieuse et fine, lui demandait si ça allait. Elle ne devait donc pas forcément être mauvaise, et Inertie ferait donc bien de lui parler. C'est ce qu'elle tenta de faire, avec une difficulté dûe à son manque d'experience, étant donné qu'elle n'avait guère à parler en temps normal à la caserne.

"Je... Je vais (hésitation) bien... Merci..."

C'était le maximum qu'elle pouvait faire pour le moment, et encore... Ses joues pâles prirent une teinte rosée qui n'était pas forcément rare, et elle baissa la tête. Habituée à la soumission, elle n'avait pas l'habitude de parler d'égal à égal aux autres...

Un peu rassurée, Inertie lâcha les poils blancs d'Insanity qui s'installa au sol comme si il avait été dans son panier. L'animal eu un long baillement, puis il posa sa tête sur ses pattes et attendit la suite des evennements.

La jeune fille paraîssait distante et éffrayée, peut-être n'aimait-elle avoir de la compagnie ? Laurelin hésita à la déranger plus longtemps, mais elle voulut savoir ne serait-ce que son nom. Elle était déjà rassurée que la jeune femme soit en bonne santé, car son mutisme avait éffrayé Laurelin de peur qu'elle ne se soit bléssée.

- Heureuse de savoir que vous allez bien. Oh! Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. Je me nomme Laurelin et je suis rôdeuse. Puis-je savoir qui vous êtes ?

Laurelin pensa tout d'un coup que la jeune femme était peut-être préssée, ou avait certainement quelque chose à faire, en tout cas autre que de discuter avec une personne qu'elle avait renversée par mégarde.
Elle se reprit puis ajouta :

- Si je puis vous aider en quoi que ce soit, n'hésitez pas à faire appelle à moi. Je serai là en cas de problèmes.
Et elle lui sourit.

Très génée, Inertie ne savait plus vraiment quoi faire. Le comportement de Laurelin était totalement différent de celui des autres, des gens qui la méprisaient, et elle ne savait pas réagir face à ça. C'était comme un gigantesque mur blanc sans aucune aspérité qu'elle aurait dû escalader...
Le vent se leva tout doucement, faisant tinter les grelots sur l'Obi d'Inertie, que ce bruit calma brutalement. Elle devait répondre à la question de l'elfe, à moins de vouloir passer pour une malpolie. Rassemblant son courage, elle se résolut à parler.

"Je m'appelle... Inertie... Je suis soldat... Ici..."

Elle avait du mal, beaucoup de mal. Sa queue blanche bougeait nerveusement derrière elle sous les regards étonnés des gens, et ses oreilles firent un rapide mouvement vers l'arrière. L'utilité des oreilles orientables, c'était qu'elle pouvait entendre comme elle voulait.
Les paroles des gens étaient comme des couteaux à son égard. Un sentiment entre la peur et la honte s'installa en elle, alors qu'elle rassemblait une fois de plus ses forces afin de prononcer une phrase de sa petite voix toute faible.

"Si vous êtes perdue..."

Mais elle n'arriva pas à finir sa phrase, et la laissa donc en suspens, rouge de honte.

- Oh ! Vous êtes soldat, ici, à Elen. Je ne suis ni d'Elen, ni de Chrysta. Et je n'ai encore moins de raison de me battre, pourtant je sais que vu les tensions qu'il y a entre les deux villes, une bataille se prépare. Hélas, soit je reste pour me battre, mais dans quel camps ? Et à quel prix ? Soit je fuis.

Laurelin se souvint alors que la jeune femme n'avait pas finit d'achever sa phrase. Elle était sans cesse en train de surveiller les gens qui passaient. D'ailleurs ceux-là ne se gênaient pas vraiment pour lui jeter des regards en travers de temps à autre, ce qui ne devait pas être toujours facile à vivre !
Puis Laurelin ajouta :
- Au faite ! Vous vouliez me dire...?

A l'entente du monologue de Laurelin, l'instinct d'Inertie lui fit poser sa petite main griffue sur le long gant de l'elfe. Un long gémissement s'échappa de sa gorge, comme une manière de faire passer son désolement autrement que par les mots habituellement employés.
Cela lui valu quelques regards peu aprobateurs de la part des passants, encore plus étonnés que par son aspect félin... Les Créatures savaient pourtant parler, alors pourquoi est ce que cette fille-chat gémissait de la sorte ? Le commentaire le plus blessant fut celui comme quoi elle devait être attardée ou carrément qu'elle ne savait pas se débrouiller sans maître... Blessée dans sa fierté, Inertie lâcha le bras de Laurelin, les yeux brillants de larmes contenues. Elle allait leur montrer qu'elle savait parler !

"Je... Je peux vous guider dans la ville... Je la connais... Un peu..."

Cet effort sur elle même aurait presque fait sourire la petite fille-chat, si les circonstances de cet exploit avaient été plus joyeuses.
Interty, enfin réveillé, s'était quand à lui levé et avait entrepris de renifler Laurelin.

Laurelin laissa le chien la renifler, cela ne la gêner pas... Ceci la fit même sourire.
Se retournant de nouveau vers Inertie, elle ajouta :
- Eh bien, j'ai vécu ici étant petite, donc je connais déjà un peu la ville, mais j'accèpte volontier de faire un tour avec vous...
Laurelin se souvenait exactement de la place de chaques rues, de chaques boutiques et de chaques auberges, mais elle aussi avait entendu les remarques blaissantes de certains passants et ne voulait pas laisser Inertie seule.

[Désolée du délai... La reprise tue les forums]

Son examen olfactif terminé, Insanity retourna sagement aux pieds de sa maitresse, qui le caressa derrière les oreilles avec un doux gémissement du fond de la gorge. L'animal sembla lui répondre, la faisant sourire...
Rassénée, elle leva ses grands yeux bleux sur Laurelin.

"Merci..."

Inertie avait conscience que l'elfe faisait tout cela pour elle, afin qu'elle ne reste pas seule dans cette foule médisante qui la frappait dans le dos sans aucune pitié avec ses insultes à peine cachées. Sinon, elle serrait retournée au Palais et se serrait terrée dans sa petite chambre...
Elle fit un pas sur le côté afin de laisser passer un gros homme visiblement riche et arrogant, puis revint à sa place initiale avec un petit pas chassé.

"Vous voulez aller... Où ?"

Laurelin réfléchit longuement à la question, sans trouver pour autant d'endroit où aller lui convenant. La place d'Elen était peut-être le seul endroit qu'elle aimait dans cette ville, excepté le chateau qui était d'une grande beauté.

- Eh bien, je ne sais pas... Pourquoi ne me montreriez-vous pas l'endroit que vous préférez ici, à Elen ? Un endroit respecté d'autrui, et où l'on se sent bien...

Laurelin ne savait pas si un tel endroit existait à Elen. Le seul endroit où elle se sentait comme ça, c'était quand elle se trouvait dans la forêt. Mais elle se dit que Inertie devait aussi avoir ce genre d'endroit rien qu'à elle, où elle pouvait respirer librement, sans que personne ne vienne la déranger en la mitrallant de regards mauvais et désapprobateurs...

[*part se pendre* Désolééééééééééééée T_T]

Son endroit rien qu'à elle, c'était la caserne dans le Palais d'Elen, mais ce n'était peut être pas la meilleure option pour Laurelin. Non seulement c'était un lieu vraiment martial et très particulier, mais en plus Inertie n'était pas sûre qu'elle pouvait y entrer comme ça, sans l'autorisation de son superieur hiérarchique. Rougissant de sa maladresse, elle réflechit à un autre lieu, plus approprié.

"Je... Je n'ai que le château à vous proposer... C'est... Je vis... Là bas, à la caserne... Mais on peut... Juste marcher dans le palais ?"

Sa phrase était plus longue qu'à l'accoutumée, un peu plus construite. Ce n'était pas une timidité quelconque qui la rendait quasi-muette, juste qu'elle n'avait pas besoin de parler dans sa vie courante. Ses hochements de tête lui suffisaient pour communiquer avec les autres soldats, et ce depuis toujours, et elle ne parlait pas à l'exterieur non plus.
Laurelin bousculait donc la routine de la créature féline, ce qui était pour elle une bouffée d'air et une torture, les deux à la fois.

[*La retiens de passer la corde autour de son cou* T'en fait pas, c'est pas grave ^^']

Une petite ballade dans le palais ne lui ferait pas de mal. Elle l'avait toujours entraperçut de loin. C'était une bonne occasion de s'en approcher d'un peu plus près.

- Très bien ! Alors allons-y...

Elle lui sourit et rajouta que le chateau lui convenait très bien puis elles partirent en direction du chateau d'Elen. Elle jetta un dernier coup d'oeil à la place d'Elen et en profita pour lancer un regard noir et plein de dégoût à un homme en train de se moquer de sa jeune connaissance. Celui-ci ne se fit pas prier à deux fois et détourna le regard dans une autre direction pour se moquer d'une autre personne. Celle-ci était bossue. Laurelin eu soudain pitié de lui et fut contente de s'en aller.

Un sourire franc et chaleureux s'épanouit sur le visage fin et pâle de la créature, qui emboita le pas à Laurelin d'un pas alerte et déhanché. Insanity finit lui aussi par se lever pour suivre sa maitresse et l'elfe, bien obligé par le déroulement des choses.
Inertie était contente, elle retournait au château. C'était son repère, le seul endroit où elle était bien et où elle pouvait disparaitre aux yeux de tous...
Brusquement, elle s'arrêta devant une échoppe, un sourire encore plus chaud aux lèvres. Sur la petite table en bois mat tenait par un miracle une petite pyramide de pommes... Se décidant soudain, Inertie tendit quelques pièces au marchand tout en désignant du bout de la queue les pommes. L'homme, habitué, comprit et lui tendit cinq fruits dans une besace de toile avec le sourire de rigueur.

En courant pour rattraper Laurelin, elle prit un des fruits rouges et le croqua avec un gémissement de satisfaction. C'était doux et acide, et en plus... Le sergent aimait les pommes, et Inertie lui en donnait suffisament régulièrement pour qu'il en ai l'habitude. Ce serait sa livraison de la semaine.
Inertie tendit un fruit à Laurelin avec un petit grognement.
Le chateau était en vue, et elles entrèrent enfin dans le batiment...

[La suite là bas ?]