Turquoise...

Andro trainait dans les rues d'Elen depuis qu'il avait quitté le château. Le soleil commençait à peine à se montrer. D'habitude, à cette
heure-ci, le semi-drow finissait d'égorger ses victimes et regagnait le
rocher pour recevoir sa paie. Aujourd'hui il n'y serait pas. Il
regrettait amérement d'avoir accepté de tuer la reine d'Elen. Même si
évidement il avait réparé son erreur, sa vie en restait tout de même
boulversée.

La place commençait à se remplir, les rares commerçants regardèrent
d'un oeil noir le drow. Deux hommes passèrent sans même le voir, un
gnome le salua et rejoingnit un groupe d'halfings avec qui il commença
une négoçiation enflammée. Andro soupira de dépit. Il avait surtout
besoin de dormir. Non pas qu'il n'était pas habitué à se priver de
sommeil, mais quand il assumait de nombreux chocs au niveau morale, il
avait besoin de se reposer pour y penser clairement.



Il était entrain de survoler la place du regard. L'auberge de vénus lui semblait toute désignée pour l'acceuillir.



Seulement, Andro ne fut rapidement plus seul. La lame dentelée d'un
adversaire inconnu s'était posée sur la base de sa colonne vertébrale,
un frisson lui parcourut le dos.


"Alors Andromède, on baisse sa garde? Tssss... je t'ai connu plus futé que ça. Tu vieillis mon vieux..."

Cette voix lui disait quelque chose... Un souvenir, une lame dentelée, ce ton un peu ...

"Noon... ne me dis pas que tu m'as oublié..."

Il se pencha et murmura à l'oreille de l'assassin.

"Rumonld Fror, ah oui... tu te souviens hein maintenant?"

"Qu'est c'qui t'améne dans le coin Rum. Tu bosses plus à Chrysta?"

"Le travail c'est le travail Andro... et il se
trouve que cette fois c'est toi qu'on m'a demandé de tuer. Etrange
hasard non? Il y a deux ans, c'est toi qui devais me tuer..."

"Note que je ne l'ai pas fais... oeil pour oeil dent pour dent ça marche aussi dans ce sens-là."


"Oui... avec un type honnête peut-être. Mais les bâtards de ton espèce, ils ont pas droit à ce privilège..."

Le jeune assassin ne put réprimer un second frisson quand l'homme l'embarqua dans une ruelle vide et le jeta contre le mur.

"Faut bien en finir mon gars. Tu peux pas
continuer de vivre comme tu le fais. Personne ne pourrait. Tu veux
faire croire que t'es d'acier alors qu'en faite tu es fragile. C'est
dans ta tête que t'es fragile."

"Je sais Rum... je sais bien tout ça. Alors finissons-en."

"T'es sûr? Tu ne regretteras rien?"

"Si..."

Rum abattit sa largee épée bâtarde, fendant profondément la poitrine
du jeune elfe. Il ne voulait plus entendre la voix faible de l'assassin
à terre. Il s'était fait passé pour une légende, et le voir comme ça,
lamentable, à terre... Ca il ne le supportait pas.

Le mercenaire mit un genou au sol, dans la poussière, et posa une main sur la joue du semi-dow.

"Qu'est ce que tu vas regretter Andro... dis moi, avant de mourir... allez mon gars, dis moi..."


Il colla son oreille contre les lèvres au
coin desquelles le sang formait une petite fleure écarlate. Un dernier
souffle fit vibrer sa gorge, traversa ses lèvres....

"La mer Rum... la... mer..."

Le corps tout entier se tendit une derrière fois, Rum retira sa
main. Il se leva et regarda l'assassin mort. Les yeux vides n'avaient
plus la lueur rouge qui ne les quittait pas d'habitude. Ils étaient
noisettes, et en faite, trés légèrement turquoises. L'homme détourna
ses propres yeux et leva son épée, l'abattit, et fit ainsi encore de
nombreuses fois, jusqu'à ce que le cadavre ne soit plus qu'un tas
méconnaissable de chair et d'os. Puis il coupa la tête, miraculeusement
épargnée par la violence du mercenaire. Celui-ci la regarda, rengaina
son arme et tira une dague. Les yeux noisettes-turquoises le fixaient
avec malice, un sourire semblait étirer les lèvres encore chaudes,
éclairer le visage...

Rumonld projeta la tête contre le mur où elle vola en éclats. Tout ses
muscles tendus, la mâchoire crispée, il partit à grand pas, frissonnant
encore en repenssant à ces yeux, ce sourire....

Dans la ruelle silencieuse, quelque chose roula sur le dallage et se
cogna au mur... deux petites billes noisettes-turquoises, regardant
obstinèment vers la mer.



Turquoise... comme la mer.

Dorian était entré en ville, depuis le soleil était monté, il était environ onze heures quand il entendit rouler sous son pied quelque chose. Il se pencha et ramassa les deux billes, les faisant rouler dans ses doigts. Il y avait du sang sur le pavé, le mur.
Quelqu'un avait étté tué ici, et de façon peu glorieuse. Sauvagement. Il enfouit les deux billes dans une poches. Le corps avait été écrasé, la tête coupé semblait avoir éclaté sur le mur... avait éclaté sur lemur, comme le prouvait les quelques bouts de cerveaux répendus sur le sol ou encore collé à la pierre du bâtiment.

Il fixa le cadavre. C'était ignoble.

Eharial posa un genou à terre et effleura le cadavre. Andromède... il plaignait cet homme. Il n'avait sûrement pas eut de chance, pour finir dans cette ruelle sale, seul. Comme un moins que rien...

Le jeune elfe attendit que la voix s'éteigne. Elle contrôlait Dorian. Pas lui. Elle contrôlait Lawilha. Pas Braise. C'était impossible... ils avaient été si fort tou les deux... personne ne pouvaoit les contrôler. Il ne pouvait pas y croire, et surtout il savait que c'était impossible.

Il prit le cadavre dans ses bras et l'enveloppa dans se qui avait dû être sa cape. Le reste de la tête gissait plus loin, il le joignit au corps. Ce type était sûrement comme les autres cadavres, sans importance. Pourtant si Elle avait prit la peine de le lui présenter, c'est qu'il avait une importance dans son jeu.

Il quitta la ville. Quand il fut hors de portée de tout le monde, il disparut.